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Cohésion d’équipe : habileté naturelle ou compétence à développer ?
Mon actu m’invite à explorer la cohésion d’équipe, un pilier essentiel de la performance collective. Ce sujet est au cœur d’un collectif national tout jeune, composé de profils de joueurs particulièrement différents par leur âge et leur expérience, sur fond de compétition internationale.
Et s’invite tout naturellement le questionnement : la capacité à créer ou entretenir la cohésion est-elle une qualité innée chez un joueur ? Ou s’agit-il d’une compétence qu’on peut apprendre, développer, entraîner ? Et au fond, qu’est-ce que cela implique pour le coach ?
La cohésion d’équipe : l’affaire de tous, portée par chacun
La cohésion, est un « liant invisible » qui repose autant sur la dynamique collective que sur les comportements individuels.
Certains joueurs semblent naturellement capables de fédérer, d’apaiser, de créer du lien. Une habileté sociale presque intuitive. D’autres peinent à s’intégrer ou à comprendre les subtilités des interactions d’un groupe sportif.
→ Est-ce que cela signifie que certains « ont la fibre », et d’autres pas ?
Alors, habileté ou compétence ?
Commençons par définir les termes :
- Habileté : c’est une disposition naturelle, souvent liée à la personnalité, l’histoire personnelle, l’éducation émotionnelle. Elle est fluide, authentique, et spontanée.
- Compétence : c’est une capacité liée à un système de connaissance. Elle est apprise et développée. On peut former des joueurs à écouter, coopérer, gérer les conflits, reconnaître les dynamiques de groupe.
→ Penser la cohésion comme une compétence ouvre des possibilités… pour le joueur comme pour le coach.
Le rôle du coach
Si l’on admet que la cohésion d’équipe ne se résume pas à une simple alchimie naturelle entre les joueurs, ou une habileté des joueurs de manière individuelle, mais qu’elle peut – et doit – se travailler, alors le rôle du coach prend une dimension bien plus large que celle de stratège ou de technicien.
Le coach devient un créateur du lien, un facilitateur relationnel qui travaille à faire émerger, structurer et renforcer les interactions humaines au sein de son groupe. Il n’est plus seulement garant d’un système de jeu, mais aussi d’une culture collective.
La première mission du coach, c’est de créer un cadre qui permette à la cohésion de s’exprimer et de se construire : en posant des valeurs partagées (respect, solidarité, engagement) qui guident les comportements, en définissant clairement les règles du vivre-ensemble, autant sur le terrain qu’en dehors, en instaurant des rituels collectifs qui structurent la vie de groupe.
Ces éléments, souvent considérés comme périphériques à la performance, sont en réalité le socle de la confiance dans le collectif.
Le coach est aussi un observateur attentif des micro-dynamiques relationnelles : tensions non dites, groupes dans le groupe, mises à l’écart, leaderships émergents.
Ce qui se passe dans les regards, les silences ou les gestes peut en dire long sur l’état de la cohésion.
Il doit être capable d’intervenir avec justesse (en nommant les choses sans juger, en facilitant des espaces de dialogue, en soutenant les joueurs qui ont du mal à trouver leur place ou à comprendre leur rôle social dans le groupe).
Cela demande une vraie intelligence émotionnelle et relationnelle… et parfois, de savoir lâcher le tableau tactique pour écouter ce qui se joue sur le plan humain.
Si la cohésion est une compétence, alors elle se développe. Et le coach peut en être acteur.
Cela ne veut pas dire devenir psychologue ou éducateur social, mais simplement intégrer la relation comme une dimension de l’entraînement.
Le groupe observe tout. Le coach ne peut pas exiger la cohésion s’il ne l’incarne pas lui-même dans ses comportements du quotidien.
Et le joueur dans tout ça ?
S’il prend conscience que la cohésion est aussi de sa responsabilité, il peut s’engager activement dans son développement. Cette prise de conscience est parfois difficile. Il est nécessaire qu’elle vienne de l’intérieur pour être intégrée. Cela peut être possible par un travail sur soi (ouverture, remise en question, acceptation de la diversité, écoute active, capacité à gérer l’ego, coopérer), mais aussi par l’exemple de personnes inspirantes sur son parcours.
Un grand merci à Jean-Claude SKRELA pour ton temps offert cette semaine à mes garçons !!
Finalement, considérer la cohésion comme une compétence à développer plutôt qu’une simple habileté naturelle redonne de la marge de manœuvre aux coachs, mais aussi aux joueurs. Cela veut dire que chacun peut progresser, apprendre, se former à « jouer collectif ».
💡 Entraîner la cohésion avec la même exigence que les passes ou les tirs, au service de la performance de l’équipe.