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De la pression du métier de coach, à sa propre posture : entrainer « juste »
Il y a quelques jours, j’ai lu un article sur le site d’information de l’Université Laval, Québec, qui m’a questionnée.
Dans le sport, on entend souvent parler de force, de discipline, de dureté. On célèbre les entraîneurs « qui ne lâchent rien ».
Avez-vous parfois cru que hausser le ton, durcir vos exigences, ou bousculer un sportif était « pour son bien » ? Avez-vous déjà pensé : « S’il veut réussir, il doit encaisser » ?
L’article explique qu’entre 44 % et 86 % des entraîneurs admettent avoir déjà eu un comportement violent. Ça force à se demander : quelles traces ai-je laissées chez les personnes que j’ai entraînées ? Non ?
L’article montre comment la pression organisationnelle et certaines croyances sur ce que doit être un « vrai » coach peuvent nous conduire à adopter (ou tolérer) des comportements que nous ne qualifierions pas toujours de violents mais qui, pour ceux qui les subissent, le sont pourtant bel et bien.
En lisant cela, j’ai envie cette semaine de vous questionner : et vous, où en êtes-vous dans votre posture ?
Les entraineurs connaissent bien la pression : le classement à maintenir, les attentes des dirigeants, les sponsors à rassurer, les parents à convaincre, et cette injonction implicite : « Pas de place à l’erreur ! » (alors même qu’elle est un des 4 piliers de l’apprentissage… – voir les travaux de Dehaene, neuroscientifique spécialisé en psychologie cognitive)
Comme le souligne l’article, dans un contexte où l’échec est inacceptable, beaucoup d’entraîneurs adoptent des méthodes dures, persuadés que c’est « pour le bien » des sportifs.
Les entraineurs se surprennent parfois à croire que hausser le ton, pousser ou « tester » un joueur sur le plan mental est un passage obligé pour progresser.
Mais est-ce vraiment le cas ? Avez-vous déjà confondu exigence et violence ?
L’article explore de façon très intéressante les normes sociales et « masculines » qui imprègnent le sport : valorisation de la dureté, rejet de l’expression émotionnelle, idée que la souffrance forge le caractère. Sans toujours s’en rendre compte, on hérite de ces codes.
Et si, en reproduisant ce que j’ai moi-même reçu, je perpétuais un modèle qui blesse ?
Suis-je capable de voir quand je justifie un comportement au nom de « la discipline » ou de « l’esprit de compétition » ?
Deziray De Sousa, doctorante en psychologie à l’UQAM, explique dans l’article que beaucoup d’entraîneurs ne sont en fait pas outillés pour adopter d’autres approches.
C’est vrai : les formations apprennent à bâtir des plans d’entraînement, à analyser la technique, mais rarement à travailler sur la posture.
Alors je me demande :
- Comment maintenir un haut niveau d’exigence sans nier l’autre ?
- Comment inspirer la résilience sans imposer la douleur ?
- Comment entraîner fort en entraînant « juste » ?
Et si la véritable force d’un coach ne résidait pas dans sa dureté, mais dans sa capacité à élever ses joueurs, à leur donner confiance, à leur permettre de se dépasser… en sécurité et au service de leur performance ?
Car un environnement sain, c’est un levier de performance. Et le coach y a tout son rôle ! De + en + d’études très sérieuses démontrent les bienfaits d’un autre management : un joueur qui se sent respecté ose prendre des initiatives, se relever après un échec, et rester engagé sur la durée.
Un joueur qui sait que ses erreurs seront analysées plutôt que sanctionnées ose tenter de nouvelles stratégies. Et toute une équipe gagne en cohésion lorsque chacun se sent soutenu, compris et écouté.
Cela ne signifie pas baisser l’exigence !
Au contraire. Fixer des objectifs ambitieux, exiger de la rigueur, pousser à sortir de sa zone de confort … est indispensable. Mais le faire dans un cadre où le joueur sait qu’il n’est pas seul face à la difficulté.
Un cadre où l’effort est reconnu, où la progression compte autant que le résultat final, et où la relation coach-sportif repose sur la confiance mutuelle.
Finalement, peut-être que coacher autrement comme invite à le faire Deziray De Sousa dans l’article, ce n’est pas être « moins dur », mais être « + juste ». Avec une posture à la fois exemplaire (celle d’un coach qui montre la voie par ses actes et qui reste à l’écoute de ses joueurs) et alliant exigence et bienveillance.
Si vous lisez ces lignes, une question : quand la pression monte… quelle posture avez-vous tendance à adopter ?
Si l’article vous intéresse : https://nouvelles.ulaval.ca/2025/06/20/de-la-pression-organisationnelle-a-la-masculinite:-bien-des-raisons-derriere-la-violence-chez-les-coachs-5e09e6f3-f659-4bf6-8c21-cc32208a1b9d