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par | 23 février 2025

Discours du coach : peut-il tout dire ?

L’actu récente des coachs, ce sont bien évidemment les propos tenus par Cris, l’entraîneur de la Berrichonne Football, qui relance un débat fondamental : peut-on tout dire dans un vestiaire ? Le vestiaire est souvent perçu comme un espace à part, où la parole est plus libre, où les discours de motivation peuvent parfois franchir certaines limites. Mais jusqu’où peut-on aller sous prétexte de stimuler une équipe ?

L’intention derrière les mots

Dans le cas de Cris, l’intention était clairement de mobiliser ses joueurs, de créer un électrochoc pour les pousser à se dépasser. Il est pas mal son discours sur l’intention. L’objectif d’un entraîneur est de motiver son groupe, de trouver les mots qui éveilleront l’énergie nécessaire à la victoire. Mais, la question qui se pose est la suivante : Cris a-t-il eu la bonne méthode ?

Si l’on s’en tient au contenu sans polémiquer sur les valeurs, je questionne dès le départ la matière utilisée. Cris, en tenant ces propos, part du principe que tous ses joueurs vont en boite pour pécho. Il est évident qu’il n’a pas réfléchi. Tous ses joueurs n’y seront pas sensibles. Le propre du discours de motivation c’est qu’il doit aller chercher chacun des joueurs. C’est un exercice difficile !

Les mots ont un pouvoir immense, surtout dans un contexte où les joueurs sont sous pression. Une parole mal ajustée peut générer de la frustration, un mal-être ou même une perte de confiance. À l’inverse, un discours bien construit peut galvaniser et fédérer une équipe. L’intention ne suffit donc pas : il faut aussi réfléchir à l’impact des propos tenus.

Le vestiaire, un lieu de liberté ou de responsabilité ?

Il existe une tradition selon laquelle ce qui se passe dans le vestiaire doit rester dans le vestiaire. Cette idée reposerait sur la notion de solidarité et de cohésion interne. Bon, moi je crois que la plupart du temps, quand ces propos sont tenus (je les ai moi-même entendus), il s’agit surtout de s’assurer d’une totale impunité et caractérise un management et/ou une vie de groupe dysfonctionnelle. Trop facile de se cacher derrière cela. 

Mais revenons au discours de Cris. La liberté de ton dans le vestiaire doit-elle être absolue ? Peut-on excuser certains propos sous prétexte qu’ils sont destinés à motiver ? 

La frontière entre motivation et dérapage est parfois ténue. Si un entraîneur a la responsabilité de pousser ses joueurs à donner le meilleur d’eux-mêmes, il a aussi celle de préserver un cadre sain et respectueux. Un discours qui dépasse certaines limites peut avoir des conséquences négatives, non seulement sur l’image du coach, mais aussi sur la dynamique du groupe.

Trouver le bon équilibre

Il est essentiel de repenser la manière dont un entraîneur s’adresse à son équipe. Un vestiaire n’est pas un espace de non-droit, mais un lieu où se construit une dynamique de groupe. Un lieu où se construit la performance ! Un bon discours doit inspirer sans diviser, motiver sans humilier. Il existe des méthodes de coaching basées sur l’encouragement, la valorisation des forces individuelles et collectives, et non sur l’usage de phrases chocs qui peuvent blesser ou diviser.

En somme, tout ne peut pas être dit dans un vestiaire, du moins pas sans réflexion sur les conséquences. Un coach a un rôle clé dans la construction d’une équipe, non seulement sur le plan sportif, mais aussi humain. Choisir ses mots avec justesse et intelligence, c’est aussi une forme de leadership et de respect.

Je travaille régulièrement sur le discours avec les coachs que j’accompagne. De même que les annonces réalisées par le dirigeant qui engage son entreprise dans le changement. Préparer son discours en amont, le challenger avec un tiers, permet d’envisager tous les scenarii et éviter les dérapages au service de la performance de l’équipe.