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par | 25 mai 2025

Du stress à la performance… ou à la rupture ?

En tant qu’entraîneur, on sait que le stress fait partie intégrante du sport de haut niveau. Il peut être moteur : il pousse à l’action, aiguise les réflexes, mobilise les ressources. Mais il peut aussi devenir destructeur s’il s’installe sans régulation. Tout l’enjeu est de reconnaître où se situe la limite.

 

Dans un métier de passion, parfois ce n’est pas le manque de motivation qui pose problème, mais l’excès d’engagement. Et alors la vraie difficulté n’est plus de tenir, mais de savoir quand il faut s’arrêter et revoir son mode de fonctionnement.

C’est ce que Selye a modélisé avec ses trois phases de réponse au stress :

1/ L’alarme, quand le corps réagit à une pression ou un défi : montée d’adrénaline, vigilance accrue, mobilisation rapide.

2/ La résistance, où l’on s’adapte, on “tient bon” — souvent longtemps — en mettant ses ressources internes à contribution.

3/ L’épuisement, quand ces ressources ne suffisent plus, faute de récupération. C’est là que surgissent les signes de surmenage ou de burn out : fatigue chronique, perte de motivation, irritabilité, erreurs de jugement, etc.

👉 Le problème, c’est que dans les métiers de passion — et le coaching sportif en est un — on peut rester très longtemps en phase de résistance sans s’en rendre compte, porté par l’envie, l’adrénaline, l’engagement pour l’équipe. C’est le piège de l’hyper-investissement : on ne voit pas venir la rupture.

Pourtant le stress est en lien direct avec la performance !

La psychologie de la performance, notamment la théorie du flow de Csíkszentmihályi, nous donne un repère précieux. Le flow, c’est cet état dans lequel on est pleinement engagé, concentré, efficace et satisfait. On y entre quand le niveau de défi la perception de nos compétences créent un niveau de stress « optimal ».

Trop facile = ennui. Trop dur = anxiété. Le stress optimal, c’est celui qui stimule sans saturer.

Cette idée s’explique aussi par les neurosciences. À court terme, le stress active le cerveau de façon utile (libération de cortisol, activation du système sympathique).

Mais à long terme :

  • Le cortex préfrontal, siège de la stratégie et du raisonnement, s’épuise → baisse de lucidité.
  • L’hippocampe, associé à la mémoire et à l’apprentissage, se fragilise → difficultés d’adaptation.
  • L’amygdale, centre des émotions, s’hyperactive → réactivité émotionnelle, impulsivité.

En clair : le stress est un levier de performance, mais à condition d’être régulé et compensé par des phases de récupération. Je vous invite à relire mon article « Récupération mentale : le « pit-stop du cerveau »

La récupération n’est pas optionnelle : elle fait partie du processus de performance

Je l’ai déjà exprimé dans un article consacré, si dans le sport on sait la récupération physique nécessaire, on a tendance à oublier la récupération mentale et émotionnelle qui est tout aussi cruciale :

  • Du repos réel, sans stimulation (pas juste “regarder un match en replay”).
  • Des temps de recul pour faire le point, sans urgence.
  • Des moments déconnectés de la fonction d’entraîneur (temps sociaux, familiaux, personnels).
  • Des rituels simples mais réguliers : respiration, marche, silence, méditation, …

💡 Le cerveau aussi a besoin de récupération pour préserver sa santé, garder de la lucidité et développer l’envie dans la durée.

S’écouter n’est pas une faiblesse, c’est une stratégie. Apprendre à reconnaître ses propres signaux d’alerte — fatigue chronique, difficulté à se concentrer, irritabilité, perte de plaisir — ce n’est pas être « fragile » ou « moins pro ». C’est au contraire un acte de maîtrise de soi, au service d’une performance durable.

Sinon, même avec la meilleure volonté du monde, on finit par dépasser ce que notre corps et notre tête peuvent encaisser. C’est encore plus vrai quand on est passionné : l’envie de réussir, de donner le meilleur, de ne rien lâcher… peut finir par masquer les signaux d’alerte.

 

L’image illustrant cet article a été créée à l’aide de l’intelligence artificielle (ChatGPT – OpenAI), sur une idée originale de l’autrice.