Il y a quelques jours, j’ai lu un article sur le site d’information de l’Université Laval, Québec, qui m’a questionnée. Dans le sport, on entend souvent parler de force, de discipline, de dureté. On célèbre les entraîneurs « qui ne lâchent rien ». Avez-vous parfois...
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Gérer ses émotions : un levier de performance pour l’entraineur
Récemment, un entraîneur m’a confié : « Je te remercie pour le travail qu’on a fait. Ça me sert carrément d’utiliser mes émotions. »
Cette phrase résume la réalité que j’observe régulièrement dans ma pratique : les émotions, loin d’être un obstacle, sont un véritable levier de performance lorsqu’elles sont écoutées, comprises et canalisées.
La pression de l’entraineur
Le métier d’entraîneur est soumis à une pression constante : résultats attendus, gestion des égos, attentes du staff, des joueurs, des supporters… Cette tension permanente pousse souvent les entraîneurs à enfouir leurs émotions, à les mettre de côté pour « rester professionnels » ou « garder le contrôle ».
Mais les émotions mises sous le tapis ne disparaissent pas : elles s’accumulent, fermentent et finissent toujours par refaire surface — souvent de manière explosive !
Dans un récent article de L’Équipe sur Paulo Fonseca, on décrit très bien ce mécanisme : la pression constante, la peur de l’échec et l’accumulation d’émotions non exprimées peuvent conduire à des comportements irrationnels, comme une perte de contrôle sur le terrain.
Les émotions sont des messagers, pas des ennemies
Les émotions ne sont pas un problème en soi. Au contraire, elles sont des indicateurs précieux : la colère peut signaler une injustice ou un besoin de protection, la peur peut mettre en lumière une insécurité ou un manque de préparation, la tristesse révèle une perte ou un manque de soutien, la joie renforce la motivation et la cohésion.
Si un entraîneur apprend à écouter et à décoder ses émotions, il peut en faire un atout stratégique.
Ce que nous disent les neurosciences
Les neurosciences nous apprennent que les émotions naissent dans le système limbique, une zone du cerveau impliquée dans la régulation des comportements et des réactions face au stress. Lorsqu’une émotion survient, l’amygdale (le « centre de l’alerte ») s’active, déclenchant une réponse automatique de fuite, de lutte ou d’inhibition. Mais le cortex préfrontal, responsable de la réflexion et de la prise de décision, peut venir réguler cette réponse automatique.
Un entraîneur capable de reconnaître ses émotions active son cortex préfrontal, ce qui lui permet de prendre du recul, d’apaiser sa réaction émotionnelle et d’adopter une réponse plus réfléchie et adaptée à la situation.
Utiliser ses émotions au service de la performance
Un entraîneur qui comprend ses émotions est capable de mieux se gérer, mais aussi d’adapter sa communication et son comportement face à son équipe. Il devient plus authentique, plus inspirant et plus réactif :
✅ Il saura reconnaître quand un joueur est en difficulté émotionnelle et ajuster son discours,
✅ Il pourra canaliser la tension d’un match décisif en une source de motivation collective,
✅ Il saura trouver les bons mots après une défaite pour mobiliser son équipe au lieu de l’enfoncer.
Les émotions sont donc un outil de performance. La clé est de ne plus les subir, mais de les comprendre, les écouter et les transformer en force.
L’émotion n’est pas une faiblesse — c’est une information. Les entraîneurs qui acceptent de se connecter à leurs ressentis et de les utiliser de manière stratégique renforcent leur capacité à inspirer, à gérer la pression, et à faire face et prendre les bonnes décisions dans les moments clés.
Ce travail demande du courage, de la lucidité et une volonté de se confronter à soi-même. Mais le jeu en vaut la chandelle : un entraîneur aligné émotionnellement est un entraîneur qui inspire et qui performe.