Cette semaine un coach m’a partagé : « Une saison c’est long », une phrase que j’entends bien évidemment très régulièrement. Bah oui. Parce que … une saison c’est long ! Il s’en passe des choses dans une saison ! Elle s’étire sur des mois, remplie de succès, d’échecs,...
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Cette semaine j’ai envie de partager le retour des entraineurs avec lesquels j’ai/je travaille. Je mesure à quel point être entraîneur d’une équipe et se poser des questions sur sa pratique (questionner ses certitudes, ses choix, son style, ses échecs) n’est pas...
Ce que les entraineurs peuvent apprendre d’une étude menée sur les golfeurs
J’ai lu un article du Journal de Québec qui expliquait que, selon une étude récente, « pour le cerveau d’un golfeur, rater un putt facile équivaut à apprendre qu’un proche est impliqué dans un accident de voiture ». ! Et là forcément je fais un lien avec les coachs....
Interoception, émotions et performance collective : quand le corps « coache » aussi
J’ai lu récemment un article de presse dont le sous-titre était : « Le coaching par les mots ». Cela m’a questionnée : et qu’en est-il de tout le reste ?
Ce que le coach dit compte évidemment. Mais ce qu’il montre, inspire, ou incarne au quotidien peut être tout aussi (parfois davantage) déterminant pour son équipe et ses performances.
Petite revue des recherches, et réflexion autour du « non-verbal » ou « body langage ».
La recherche en psychologie sociale et en neurosciences décrit l’« emotional contagion » : nous imitons, synchronisons, et finissons par ressentir les émotions des personnes autour de nous, automatiquement. Ces mécanismes incluent les expressions faciales, la posture, la voix, … et les processus perceptivo-affectifs et simulations neuronales. À l’échelle d’une équipe, une émotion transmise par un leader se diffuse et modifie la coopération, le conflit et la perception de la performance collective.
L’énergie corporelle du coach, ses micro-expressions, le ton de sa voix et même sa respiration sont des « signaux ». Un état d’anxiété ou une posture fermée, et l’équipe réagit de manière automatique, parfois sans que le coach le réalise.
La neurobiologie contemporaine insiste quant à elle sur le rôle de l’« interoception » (les perceptions internes comme le rythme cardiaque, le souffle, le nœud à l’estomac, …) et le rôle de la « proprioception » (le sens de la position et du mouvement du corps). Nazareth Castellanos, chercheuse au laboratoire de l’Université de Madrid, pose l’idée appuyée par ses travaux récents que ces « sens silencieux » informent en permanence le cerveau et influent nos émotions et nos comportements : la posture et l’expression faciale envoient des informations que le cerveau interprète et auxquelles il répond.
On peut donc comprendre qu’apprendre à écouter et réguler ce que son corps « dit » est un véritable levier pour influer intentionnellement sur l’ambiance de son équipe.
Le système des neurones miroirs et les réseaux de la cognition sociale expliquent quant à eux comment nous comprenons l’action et l’émotion de l’autre par simulation (observer = activer des représentations internes similaires). Ce mécanisme favorise l’imitation, l’apprentissage par l’observation, et l’empathie automatique. On voit bien ici l’influence forte qu’un leader sportif peut avoir (démonstration, geste technique, calme sous pression).
Incarner ce que l’on attend de son équipe (gestuelle claire, posture ouverte, calme) ne sert pas qu’à enseigner techniquement. Cela « programme » aussi la manière dont les joueurs vont se sentir et agir.
Des études récentes appliquent ces concepts aux équipes sportives :
La contagion émotionnelle affecte la cohésion, l’effort perçu, l’efficacité collective et même certains marqueurs de performance.
Des travaux sur le comportement non-verbal des leaders sportifs montrent une corrélation entre clarté non-verbale, motivation des pratiquants, et adhérence à l’effort.
Autrement dit : ce que le coach incarne influence directement le groupe.
Bien sûr, la communication est en réalité intégrée : les mots, le ton, le corps et l’environnement travaillent ensemble.
Mais on se rend compte à travers les études que le non-verbal agit comme un cadre qui oriente. Un cadre particulièrement important. Il donne le ton du collectif et conditionne l’efficacité des messages du coach.
Bien utilisé, le non-verbal amplifie la clarté et la bienveillance du discours ; mal ajusté, il peut les contredire !
Le coach est son propre outil de travail.
Chaque tension, chaque expression, chaque respiration fait résonner un message que l’équipe perçoit avant même les mots. Cultiver cette conscience, c’est choisir d’incarner son rôle plutôt que de simplement l’exercer.
Coacher n’est pas seulement une affaire de discours.
C’est aussi un art de présence.