Vous n’arrivez plus à vous moquer de vous-même ? C’est peut-être que vous ne parvenez plus à prendre de recul sur les évènements. Dans le quotidien d’un coach, les émotions fortes sont omniprésentes : pression des résultats, vie du groupe, rythme soutenu, tensions,...
Articles récents
« Une saison, c’est long » : voyage à l’intérieur du cerveau du coach
Cette semaine un coach m’a partagé : « Une saison c’est long », une phrase que j’entends bien évidemment très régulièrement. Bah oui. Parce que … une saison c’est long ! Il s’en passe des choses dans une saison ! Elle s’étire sur des mois, remplie de succès, d’échecs,...
Interoception, émotions et performance collective : quand le corps « coache » aussi
J’ai lu récemment un article de presse dont le sous-titre était : « Le coaching par les mots ». Cela m’a questionnée : et qu’en est-il de tout le reste ? Ce que le coach dit compte évidemment. Mais ce qu’il montre, inspire, ou incarne au quotidien peut être tout aussi...
Le « mois de novembre » ou comment la dépression saisonnière affecte les équipes sportives
Aaah le mois de novembre ! Quand les jours raccourcissent, quand la météo devient grise, quand le début de la saison commence à être loin… Beaucoup parlent de « baisse de régime » ou de « coup de mou », mais pour certains, cette période révèle une véritable dépression saisonnière, appelée trouble affectif saisonnier (TAS) — ou Seasonal Affective Disorder (SAD) en anglais.
Si elle concerne les joueurs, elle touche aussi les entraîneurs, pris entre exigences de performance, leadership émotionnel et manque de récupération.
Qu’en disent les études ? Mythe ou réalité ? Comment le repérer dans l’équipe ? Et quelles stratégies utiliser pour protéger sa propre performance et sa santé mentale de coach ?
Le « SAD » est caractérisé par des symptômes dépressifs récurrents à la même période de l’année : fatigue, hypersomnie ou insomnie, prise de poids ou appétit accru, irritabilité, difficultés de concentration. Chez les sportifs, ces symptômes peuvent se traduire par une baisse d’intensité à l’entraînement, erreurs tactiques, retrait social dans le groupe ou simple démotivation.
Ce que disent les études / 2 points clés utiles au coach
- Dans certaines équipes on peut trouver une saisonnalité marquée. Une étude menée chez des joueurs de hockey universitaire a montré des taux élevés de troubles d’humeur saisonniers ou subsyndromiques au sein de l’équipe, supérieurs aux taux nationaux rapportés dans la population générale à la même période. Pour un coach cela signifie : ne pas banaliser la baisse d’énergie, elle peut être liée à la saison.
- La réaction est individuelle : surveiller les variations.
Des études récentes montrent que les réponses aux changements météorologiques et saisonniers varient beaucoup selon les individus, d’où l’importance d’observer chaque joueur et non de généraliser.
👉 Donc les signes à repérer chez mes joueurs :
- Baisse de motivation aux entraînements matinaux, plus d’absences, retards.
- Diminution de l’intensité et de l’engagement en match, erreurs inhabituelles.
- Isolement social dans le groupe, irritabilité, réactions disproportionnées.
- Plaintes de concentration, mémoire, ou plainte de « ne pas avoir d’énergie ».
Observer plusieurs de ces signes persistants pendant + de 2 semaines en novembre nécessite d’agir.
Mais le SAD touche aussi les entraîneurs.
👉 Chez un coach, cela peut se traduire par :
- Une lassitude croissante face aux entraînements,
- Un manque d’envie créative dans la planification,
- Une irritabilité inhabituelle envers les joueurs,
- Un sentiment de « ne plus y arriver » malgré l’expérience,
- Ou encore une impression + fort d’isolement.
Les recherches sur la santé mentale des entraîneurs montrent que ce rôle comporte naturellement plusieurs facteurs de risque : une charge émotionnelle élevée (le coach absorbe le stress du groupe tout en devant rester stable), des horaires décalés et peu d’exposition à la lumière du jour, surtout en hiver, l’exigence de performance, le manque de soutien social, car la posture de leader rend difficile la vulnérabilité.
À ces facteurs s’ajoute la fatigue cumulative de la saison : après plusieurs mois d’efforts, le corps et l’esprit réclament une pause que le calendrier sportif n’accorde pas toujours.
Mais une étude menée auprès d’entraîneurs de haut niveau (Olusoga et al., Psychology of Sport and Exercise, 2019) met en évidence une prévalence élevée de symptômes dépressifs particulièrement en période hivernale ou post-compétitive.
De nombreux entraîneurs témoignent de ce moment de l’année :
« J’ai l’impression d’être dans le brouillard. Je fais le job, mais sans énergie. »
« J’ai perdu de l’envie. Même motiver les joueurs devient difficile. »
« Le moindre contretemps me pèse + que d’habitude. »
Ces témoignages rappellent que le coach, souvent perçu comme moteur de l’équipe, traverse lui aussi des cycles émotionnels ! La difficulté, c’est qu’il n’a pas le droit de fléchir. Et l’attente implicite d’exemplarité crée une forme d’isolement.
Sur le plan psychologique, cela s’apparente à une dissonance émotionnelle : devoir afficher enthousiasme et autorité alors qu’on ressent soi-même de la fatigue ou du doute. Ce phénomène est bien documenté dans la littérature sur le burnout des entraîneurs (Lundkvist et al., Sport Psychologist, 2018).
Une étude + récente menée en 2023 (Zhang et al., Frontiers in Psychology) souligne que les professions à leadership émotionnel élevé, comme les entraîneurs, présentent une vulnérabilité accrue aux variations saisonnières. L’exigence de « montrer la voie » devient plus lourde quand l’énergie interne diminue.
La dépression saisonnière du coach est donc bien une réalité, une manifestation humaine d’un métier exigeant et cyclique. Reconnaître que Novembre n’est pas un mois neutre, c’est déjà une forme de lucidité professionnelle.
Dans ce moment, si la période devient compliquée et que des difficultés apparaissent, le maintien du sens, de la motivation et du lien social se présente comme le facteur central de résilience. Chercher un espace de soutien peut y aider.
Comme je le répète, la vraie clé du leadership : oser se faire aider.