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par | 27 juillet 2025

L’hypersensibilité dans le coaching : fiction populaire ou réalité neurobiologique ?

Je rencontre régulièrement dans mes accompagnements des professionnels « hautement sensibles » ou HSP (Highly Sensitive Persons). Cette singularité peut leur apporter beaucoup de difficultés tout en leur conférant un puissant outil. Le fait est que nous sommes tous différents par le matériel génétique qui nous a été transmis. Notre « sensibilité » n’y échappe pas. Mais de quoi parle-t-on ?

Focus cette semaine sur la recherche scientifique à propos de l’« hypersensibilité » qui peut être à la fois source de défi et de richesse.

Qu’est-ce que l’hypersensibilité ?

L’hypersensibilité, ou Sensory Processing Sensitivity (SPS), est un trait de personnalité documenté scientifiquement depuis les années 1990, notamment par la psychologue américaine avec Elaine N. Aron. Il ne s’agit pas d’un trouble ni d’un diagnostic clinique, mais d’une caractéristique innée, présente chez environ 20 à 30 % de la population.

Les personnes HSP ont un système nerveux plus réactif aux stimuli sensoriels (bruits, lumière, textures), émotionnels et sociaux. Cela signifie qu’elles perçoivent plus intensément leur environnement, et que leur cerveau traite ces informations plus en profondeur. Cette intensité émotionnelle peut se traduire par une empathie élevée, une tendance à être rapidement submergées par des environnements très stimulants, mais aussi par une sensibilité esthétique ou morale très développée.

Quels en sont les mécanismes ?

  • Traitement sensoriel profond

Des études en neurosciences cognitives ont montré que les cerveaux des personnes HSP présentent une activation accrue dans certaines régions, notamment le cortex insulaire, l’amygdale et les aires associées à l’empathie. Ces zones sont impliquées dans le traitement émotionnel, la conscience de soi, et la perception de la douleur physique et sociale.

Cette hypersensibilité implique un traitement plus profond de l’information (deep processing), c’est à dire une tendance à analyser + longuement et finement une situation ou un ressenti. Les HSP traitent davantage d’informations à la fois, en repérant + facilement les détails.

  • Théorie de la sensibilité différentielle

Les chercheurs parlent aujourd’hui de « sensibilité à l’environnement », avec un modèle + nuancé que celui de la simple vulnérabilité. La théorie de la sensibilité différentielle indique que les personnes HSP sont plus affectées par leur environnement que la moyenne, en positif comme en négatif.

Ainsi, dans un environnement stressant ou hostile, elles peuvent se sentir + vite submergées, développer de l’anxiété ou de l’épuisement. À l’inverse, dans un cadre sécurisant, stimulant et bienveillant, elles peuvent s’épanouir au-delà de la norme, montrant des capacités de créativité, d’apprentissage et d’intuition très élevées.

Hypersensibilité et sport

Dans le domaine du coaching sportif, l’hypersensibilité peut se manifester chez le sportif comme chez le coach. Bien comprise, elle devient un véritable levier de performance et de relation humaine, mais elle nécessite aussi des ajustements spécifiques.

Un sportif hautement sensible peut avoir :

  • Une écoute fine du corps, détectant + tôt que d’autres les signaux de fatigue, de surcharge ou de micro-blessure
  • Une forte réceptivité émotionnelle, parfois perçue comme de l’instabilité, mais qui reflète en réalité une profondeur de traitement des événements (échecs, succès, critiques…)
  • Une sensibilité accrue au climat relationnel, au regard du coach, ou à l’ambiance du groupe, qui peut soit nourrir la motivation, soit créer du repli.

Lorsque la relation avec le coach est basée sur la confiance, l’écoute et la sécurité émotionnelle, ces sportifs ont souvent une grande motivation, une intelligence émotionnelle fine, et une capacité à progresser en profondeur.

Le coach lui-même peut être hautement sensible, et cela influence sa manière d’accompagner, de ressentir et de transmettre. Il peut :

  • Démontrer une empathie remarquable, capable de percevoir des signaux faibles chez ses sportifs (changements d’humeur, stress latent, micro-doutes…)
  • Ressentir avec intensité les énergies du groupe, les tensions ou les non-dits, ce qui le rend souvent excellent dans la gestion de la dynamique collective
  • Être + facilement sujet à la fatigue mentale, surtout dans des contextes très sollicitant ou émotionnellement intenses (compétition, management des conflits…).

Cette sensibilité est une force relationnelle puissante, à condition que le coach sache poser ses propres limites en terme d’énergie, et qu’il soit formé à la régulation émotionnelle. De nombreux coachs témoignent d’un rapport très humain à leur métier, alliant exigence et douceur, rigueur et intuition.

Dans certains cas, coach et sportif sont tous deux hypersensibles, ce qui peut vraiment créer une connexion profonde. A condition de communiquer clairement, de poser un cadre sécure et d’éviter les projections émotionnelles.

Un test simple et sérieux à faire soi-même

Pour savoir si vous êtes concerné(e) par ce trait, le test HSP d’Elaine Aron, validé scientifiquement, est librement accessible en ligne. Il comporte une série de 27 questions qui évaluent des comportements et ressentis typiques des personnes hautement sensibles.

Ce test n’est pas un diagnostic, mais un indicateur fiable, souvent utilisé en recherche psychologique pour détecter la sensibilité élevée. Mais le test n’est pas une fin en soi. Bien au contraire, c’est une invitation à travailler ce trait de caractère pour en faire une force au service de sa performance 😉

 

L’image illustrant cet article a été créée à l’aide de l’intelligence artificielle (ChatGPT – OpenAI), sur une idée originale de l’autrice.