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L’incertitude : un défi pour le cerveau, une opportunité pour la croissance intérieure
L’incertitude nous déstabilise.
Mais pourquoi ce sentiment d’inconfort face à l’imprévisible ? Pourquoi notre cerveau, pourtant si sophistiqué, peine-t-il à composer avec l’inconnu ?
Face à une décision importante, à une transition de vie ou à une simple absence de réponse claire, on s’agite. Derrière cette agitation se cachent des mécanismes cérébraux profonds que les neurosciences commencent à mieux comprendre.
Mais au-delà du biologique et du psychologique, la philosophie nous propose une autre voie : celle d’un apprentissage de l’incertitude, non pas comme une faille à corriger, mais comme une condition à embrasser.
Le cerveau face à l’incertitude : entre survie et prédiction
Notre cerveau est une machine à prédire. Il anticipe constamment les événements pour nous permettre de réagir rapidement et efficacement. Cette capacité prédictive est essentielle à notre survie. Cependant, lorsque les situations deviennent incertaines, cette fonction est mise à rude épreuve.
L’amygdale, une structure cérébrale impliquée dans la détection des menaces, s’active fortement en présence d’incertitude, déclenchant des réactions de stress et d’anxiété. Parallèlement, le cortex préfrontal, responsable de la planification et du raisonnement, tente de rétablir un sentiment de contrôle, parfois en vain. Cette lutte interne peut conduire à une paralysie décisionnelle, où l’individu est incapable de choisir une voie à suivre.
Certaines personnes présentent une intolérance + élevée à l’incertitude, ce qui les rend particulièrement vulnérables à l’anxiété et au stress. Elles ont tendance à éviter les situations imprévisibles, à ruminer sur les possibilités négatives et à rechercher une certitude absolue, souvent inaccessible. Cette intolérance peut limiter leur capacité à s’adapter aux changements et à saisir de nouvelles opportunités.
Vers une sagesse adaptative
Les philosophes ont depuis longtemps réfléchi à la nature de l’incertitude et à la manière de la gérer ! Je vous invite à aller lire Edgar Morin qui souligne que « vivre, c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, à travers des îlots et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille ». Cette perspective invite à accepter l’incertitude comme une condition inhérente à l’existence humaine, plutôt que comme une anomalie à éliminer.
Nassim Nicholas Taleb met lui en garde contre l’illusion de la prévisibilité et encourage à embrasser l’incertitude comme une source de résilience et d’innovation. Il insiste sur le fait que l’évitement des risques n’est pas un acte rationnel mais intuitif, basé sur l’émotion.
So, what ?
Il est bien évidemment possible de développer des stratégies pour mieux tolérer et gérer l’incertitude.
Par exemple, renforcer sa tolérance à l’incertitude : en s’exposant progressivement à des situations imprévisibles, en sortant de sa zone de confort, on peut entraîner son cerveau à mieux les gérer.
Jacques FRADIN (Approche Neurocognitive et Comportementale – ANC) quant à lui nous invite à nous concentrer sur ce qui est contrôlable : cesser de dépenser de l’énergie sur ce que l’on ne maitrise pas et qui nous procure du stress, pour identifier les aspects de la situation sur lesquels on a une influence, nous permettant ainsi de retrouver le sentiment de maîtrise.
Et puis on peut adopter une perspective philosophique : accepter l’incertitude comme une partie intégrante de la vie peut transformer notre relation avec elle, la rendant moins menaçante et plus enrichissante.
Enfin, la méditation pleine conscience, en tant qu’outil d’ancrage dans le moment, permet de réduire notre stress face à l’avenir incertain. Des études récentes ont encore démontré son pouvoir sur l’anxiété.
L’incertitude, même si elle est déstabilisante, stressante, pénible, … est aussi une invitation à la croissance personnelle. En comprenant les mécanismes cérébraux et psychologiques qui sous-tendent notre réaction à l’incertitude et en adoptant peut-être une perspective philosophique, également en se faisant accompagner, on peut apprendre à naviguer plus sereinement dans les eaux imprévisibles de notre vie.