Articles récents

Ton cerveau : ton système d’infos intégré

Cette semaine, un entraineur est revenu vers moi pour me donner des nouvelles. Nous avons travaillé ensemble il y a quelques temps. Notre rencontre s’était faite dans le cadre d’une supervision collective que j’animais. Après la séance, ce coach m’avait demandé à me...

par | 3 août 2025

Mental des entraîneurs : focus sur les moins de 40 ans

La santé mentale dans le monde du sport est de + en + reconnue comme un enjeu crucial. Si l’attention s’est longtemps concentrée sur les sportifs, on parle de + en + du staff et des entraineurs.

En janvier dernier, la NCAA* (National Collegiate Athletic Association), qui régit le sport universitaire aux États-Unis, a mené une enquête auprès de plus de 6 000 entraîneurs.

D’après les données recueillies, près d’un 1/3 d’entre eux déclarent souffrir de fatigue mentale chronique, de stress régulier et de troubles du sommeil. Ce chiffre grimpe significativement chez les entraîneurs les plus jeunes, souvent en début de carrière, qui cumulent pression de performance, responsabilités administratives croissantes, instabilité de l’emploi et vie personnelle parfois mise à rude épreuve. Les entraîneurs de moins de 40 ans sont aussi plus exposés aux problèmes de santé mentale lorsqu’ils appartiennent à des groupes historiquement marginalisés : femmes, BIPOC, LGBTQ+. Le manque de représentation, l’isolement professionnel et les discriminations systémiques renforcent les risques de détresse psychologique.

➡️Une revue scientifique récente publiée dans Sports Medicine-Open (2022) indique que 40 % des entraîneurs d’élite présentent des symptômes de détresse mentale comparables à ceux des athlètes qu’ils encadrent : anxiété, épuisement, dépression. Pourtant, peu d’organisations disposent de structures pour leur offrir un soutien adapté. Le déficit d’accompagnement est manifeste, alors même que leur charge mentale ne cesse de croître !

➡️Certaines études mettent pourtant en avant des facteurs de protection clés. Parmi eux : le développement de compétences adaptatives (capacité à s’organiser, à faire face aux imprévus, à s’affirmer dans des environnements incertains) et la qualité de la relation entraîneur-sportif.

La Dr Natalie Durand-Bush, de l’École des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa, expliquait encore récemment à l’occasion d’une conférence que la préparation mentale est un réel outil de prévention des risques en santé mentale. J’ajoute que mes premiers travaux permettent de démontrer que le travail de supervision avec les entraineurs est également un excellent outil puisqu’il leur permet de prendre de la distance vis-à-vis de leur activité et de trouver un espace sécure de soutien et de développement.

 

Un bel exemple chez les Colts :

L’initiative « Kicking The Stigma » née dans la NFL, sous l’impulsion de Kalen Jackson (propriétaire et Chief Brand Officer des Colts), est une campagne qui affiche une ambition claire : faire de la santé mentale un enjeu central, au‑delà des joueurs. Sous sa direction, le club a dépassé les standards de la NFL en recrutant des cliniciens non seulement pour les joueurs, mais aussi pour le staff administratif et les entraîneurs, illustrant ainsi une approche concrète et inclusive du bien‑être mental dans le sport.

 

Loin de se limiter à des ajustements individuels, les constats plaident pour un changement systémique. Les jeunes entraîneurs ne sont pas des machines à encadrer ou à motiver : ils ont, eux aussi, besoin d’écoute, de reconnaissance, de ressources, et de temps pour souffler. Des dispositifs de supervision, de formation continue et de dialogue institutionnel doivent être déployés de façon urgente. J’y travaille déjà avec une fédération.

L’avenir du sport passe par une attention accrue à la santé mentale de TOUS ses acteurs.

 

🌟 Témoignage inspirant : Adrián González, 36 ans, entraîneur du Washington Spirit (NWSL)

Le Washington Post a publié hier un article « The Spirit’s new coach ? “Vulnerable”, honest and right where he wants to be »

À seulement 36 ans, Adrián González incarne un type de leadership fondé sur l’intelligence émotionnelle, l’empathie et la vulnérabilité (exactement les qualités plébiscitées dans les recherches sur la santé mentale des jeunes entraîneurs). Arrivé progressivement au poste de coach principal en 2025, il avait d’abord occupé des rôles d’intérim et d’assistant puis reçu la confiance du club suite à une période d’intérim remarquée. Son style de management transparent et centré sur le dialogue est salué par les joueuses et le staff comme un pilier essentiel d’une culture positive et saine au sein de l’équipe.

Cet exemple illustre qu’il est possible de conjuguer performance sportive et bien-être mental, même à un âge où la pression est forte et les responsabilités grandes et qu’une posture humaine et attentive est non seulement viable, mais valorisée au plus haut niveau.

 

👉 Et si cette nouvelle saison vous la commenciez en décidant de prendre soin de votre équilibre autant que de vos objectifs ?

Pour en parler ou poser vos questions, échangeons : contact@annelise-robin.fr.

 

* Le rôle central de la NCAA dans la structuration du sport étudiant nord-américain en fait un acteur de poids sur les questions de santé mentale.

L’image illustrant cet article a été créée à l’aide de l’intelligence artificielle (ChatGPT – OpenAI), sur une idée originale de l’autrice.