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par | 20 juillet 2025

Mindfulness ou mind-wandering : faut-il vraiment choisir ?

La pause estivale m’invite souvent au « mind-wandering ». Et vous ? Et j’adore laisser mes pensées vagabonder. Pourtant, on nous explique aujourd’hui que la pleine conscience est LE mode de fonctionnement cognitif qu’il nous faut absolument avoir. La mindfulness est valorisée comme remède à la dispersion mentale, le wandering est vu comme une perte de temps, un fonctionnement improductif.

Et bien plutôt que de les opposer, je propose dans cet article de les réconcilier. Car ces deux états mentaux, en apparence antagonistes, sont en réalité profondément complémentaires.

Le wandering : une fonction cognitive essentielle

Le wandering, je préfère le mot anglais, c’est cet « esprit vagabond » que nous adoptons facilement et naturellement et qui correspond à ces moments où notre pensée s’échappe spontanément de la tâche présente pour aller dans d’autres idées, repenser à des souvenirs, ou encore des projections.

Neurobiologiquement, il s’appuie sur un réseau bien identifié : le Default Mode Network (DMN). Ce réseau cérébral s’active lorsque nous ne sommes pas focalisés sur une tâche spécifique. Il est impliqué dans l’imagination, la mémoire autobiographique, l’introspection et la planification future.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le wandering n’est pas un dysfonctionnement. Il occupe près de la moitié de notre temps mental éveillé. Et il remplit des fonctions précieuses :

  • Il favorise la créativité en permettant des associations inédites d’idées,
  • Il nourrit la résolution de problèmes complexes, en particulier ceux qui demandent du recul ou une incubation inconsciente,
  • Il joue un rôle dans la construction du soi, en nous permettant de revisiter notre histoire personnelle et d’anticiper notre avenir.

Mais ce mode mental a un revers et on voit lequel : il peut devenir source de ruminations, d’anxiété, voire de tristesse, notamment quand il est incontrôlé ou tourné vers des pensées négatives persistantes (c’est la perseverative cognition). Et puis, le wandering c’est l’ennemi numéro un de la concentration…

La pleine conscience : réguler au service du « ici & maintenant »

Face à l’ « agitation mentale », la pleine conscience (ou mindfulness) est souvent présentée comme la solution. C’est un entrainement qui développe notre capacité à porter attention de manière intentionnelle à l’instant présent, avec une attitude d’ouverture, de curiosité et de non-jugement.

Les recherches en neurosciences montrent que la pratique de la pleine conscience modifie durablement le fonctionnement du cerveau :

  • Elle réduit l’activité du Default Mode Network, diminuant ainsi la tendance à la dispersion mentale,
  • Elle active des régions associées à la régulation de l’attention (comme le cortex cingulaire antérieur) et à la régulation émotionnelle (notamment le cortex préfrontal médian).

D’un point de vue clinique et psychologique, les bienfaits de la pleine conscience sont nombreux et je la recommande vivement pour :

  • Une meilleure gestion du stress et des émotions,
  • Réduire l’anxiété, des troubles du sommeil, des ruminations,
  • Augmenter la clarté mentale.

Du bon sens

Plutôt que de chercher à éliminer le wandering au profit d’un esprit toujours + focalisé, je propose de reconnaître les vertus des deux modes !

Car wandering et pleine conscience participent tous les deux à une écologie mentale équilibrée.

  • Le wandering, lorsqu’il est délibéré et porteur de sens, développe notre créativité et stimule notre réflexion profonde ; idéal pour résoudre les problèmes qui tournent en arrière de notre tête !
  • La pleine conscience quant à elle est régulatrice : elle nous ancre, nous recentre, nous permet de ne pas être submergés par nos pensées, et d’être pleinement dans le moment présent quand nous devons performer.

Développer l’un sans l’autre, c’est finalement risquer soit la dispersion chronique, soit la rigidité mentale.

En les alternant intelligemment, en développant une conscience de nos rythmes internes, nous pouvons enrichir notre vie intérieure, renforcer notre capacité d’adaptation, et naviguer avec + de fluidité entre réflexion libre et présence attentive.

 

Photo : une de mes lectures estivales par Ilios Kotsou, Docteur en psychologie. Très facile à lire et qui invite à repenser les injonctions au bonheur du développement personnel. La lucidité sereine permet de s’écouter, pour mieux décider, ajuster sa stratégie et progresser sans se mentir.